SAINT JOSEPH LATASTE

BAETOLOME DE LAS CASAS

 

 

 

 

 

 

Joseph_Lataste

 

En 1866, après avoir beaucoup prêche a des détenues, le Père Lataste réalise son intuition : fonder une congrégation qui accueillerait des femmes "sans passé" et d'autres blessées par la vie. Ce sont, encore aujourd'hui, les Dominicaines de Béthanie.

 

 

 

 

« Vous que les hommes méprisent, vous étés les biens-aimées de Dieu... »

 

 

En 1864, un jeune dominicain a été envoyé prêcher 1'esperance et la miséricorde a des femmes condamnées aux travaux forcés, et il les a appelées "mes chères sœurs". II leur a parlé simplement, et il s'est senti en famille avec elles, malgré le fossé social, pénal et intellectuel qui le séparait de son auditoire.

 

 

"Mon cœur s'emplissait de larmes encore en songeant a la rude et sanglante vie, au poids écrasant de honte et d'humiliation qui pesait encore et qui allait continuer de peser encore sur ces âmes qui m'étaient devenues si chères, et qui étaient mes sœurs après tout, mes sœurs en Adam, mes sœurs en Jésus-Christ."

 

Une capacité surprenante à pardonner

 

 

Dans un système de fer, ou aucune initiative, aucune fantaisie, n'était possible, ou le silence perpétuel et le travail forcé maintenaient la population carcérale dans une passivité complète, il a apporté la fraîcheur d'une parole directe et fraternelle, sans compromission avec le péché et le crime. II a été émerveillé par ce qu'il a vu en prison, par la qualité de la conversion de celles que tout le monde considérait comme des « filles perdues ». II a pu constater que le crime dont elles sont coupables n'obscurcit plus leur vie : « elles étaient coupables, elles sont innocentes ». Leur capacité surprenante a pardonner a ceux qui les ont poussées au crime est un signe de la lumière qui éclaire a nouveau leur vie

 

Faire confiance

 

 

Par ses dialogues avec les détenues, par leurs confidences, il a été convaincu que le seul moyen de leur redonner une place dans la société est de leur faire confiance, de mettre un terme au processus de punition et de honte qui pèse sur elles, bien longtemps après leur sortie de prison. On se méfie d'elles, et on croit avoir raison en constatant la proportion effrayante de récidive, mais on ne comprend pas que la récidive est souvent déclenchée par cette méfiance même. Toutes les portes et toutes les mains se ferment lorsqu'on apprend d'où elles viennent.

 

Le même habit dominicain

 

Deux ans plus tard, il en a fait des sœurs, des sœurs dominicaines, en fondant la maison de Béthanie, où se rassemblent, aujourd'hui encore, sous le même habit dominicain et dans une même prière contemplative des femmes qui n'ont pas connu de grosses épreuves et celles dont le passé est perturbé par le crime, la prostitution, l'alcool ou d'autres souffrances. Les réactions ont été vives, surtout au sein de l'Ordre : comment oser "donner la blanche livrée de saint Dominique à des personnes réputées infâmes comme le sont les réhabilitées de Béthanie" ?

 

Ce que nous sommes

 

 

Le Père Lataste a réagi aux contradictions en saint religieux, ne s'élevant jamais contre la volonté de ses supérieurs, défendant ses chères sœurs avec droiture et humilité. Il est mort trop vite, à 36 ans, pour pouvoir goûter l'entrée officielle des sœurs de Béthanie dans l'Ordre des frères prêcheurs, trop vite pour pouvoir constater à quel point son intuition était juste : "les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints".

 

 

Le Père Lataste a voulu proclamer au monde, suivi par les sœurs de Béthanie, que "Dieu ne regarde pas ce que nous avons été, il n'est touché que de ce que nous sommes." Récemment, une détenue a été bouleversée en entendant cette phrase à la radio, au cours d'une émission sur le Père Lataste : aujourd'hui encore, sa parole fait renaître l'espérance, sa miséricorde touche des cœurs qu'on pouvait croire définitivement fermés.

 

 

 

Pour en savoir plus, lire :

 

 

Jean-Joseph Lataste, Prêcheur de la miséricorde, De la prédication aux détenues à la fondation des Dominicaines de Béthanie, Cerf, 1992, 406 p.

 

Le fr. Jean-Marie Gueullette, médecin et théologien moraliste de formation, est maître de conférences à la faculté de théologie de Lyon. Il anime aussi des groupes de prière silencieuse dans toute la France


 

 

 

Fray Bartolomé de Las Casas
(Séville 1472 – Madrid 1566)

Fils d’un modeste marchand de Tarifa, Bartolomé de Las Casas est né à Séville en 1472. Il suit des cours de latin et de sciences humaines avant de partir pour Hispaniola avec l’expédition dirigée par Nicolás de Ovando en 1502. C’est ainsi que Bartolomé perpétue la tradition familiale puisque son père avait participé au second voyage de Christophe Colomb.

Sur Hispaniola (La Española) il obtient une « encomienda » d’indiens, se consacrant dans un premier temps aux travaux agricoles, puis sera ordonné prêtre en 1510, le premier en Amérique.
Les postulats dominicains opposés à la « encomienda », en raison des abus commis envers les indiens, ne parviennent cependant pas à changer l’opinion de Fray Bartolomé qui dépend cette institution.

Avec Pánfilo de Narváez il rejoint Cuba où il reçoit la charge de chapelain et une « encomienda » d’indiens qu’il envoie travailler dans les mines d’or et les champs.

Mais peu à peu, Bartolomé de Las Casas prend conscience de l’injustice du système de la « encomienda » et décide de la combattre. Il considère que les seuls propriétaires du Nouveau Monde sont les indiens et que les espagnols ne doivent y aller que dans le seul but de convertir les indigènes.

Cette prise de conscience l’amène à rejeter toutes ses « encomiendas » et à commencer une campagne pour la défense des indiens, démontrant les aspects négatifs des « encomiendas ».
Son projet est adressé en premier au roi Fernando et ensuite au cardinal Cisneros, qui le nommera « Protecteur des Indiens » en 1516.

A la mort du cardinal, Fray Bartolomé de Las Casas poursuit sa tâche avec le nouveau roi, Carlos I (Charles Quint).

Les abus des fonctionnaires sont dénoncés publiquement, ce qui lui vaut l’inimitié de nombreux administrateurs, plus particulièrement de membres du Conseil des Indes, présidé par l’évêque Juan Rodríguez de Fonseca.

L’idée de Las Casas est une colonisation pacifique des terres américaines par des paysans et des missionnaires. C’est dans ce but qu’il se rend en Amérique en 1520, où Carlos I (Charles Quint) lui concède le territoire vénézuélien pour mettre en pratique ses théories.

La nouvelle formule est expérimentée avec peu de succès car pendant une absence de Bartolomé de Las Casas, les indiens en profitent pour massacrer un bon nombre de colons. Le désastre de l’expérience de Cumaná va motiver son entrée dans l’ordre des Dominicains, commençant une retraite qui va durer 16 ans.

Ce temps ne réussira pas à étouffer ses théories contre la « encomienda » et l’esclavage des indiens. Curieusement, Fray Bartolomé restait en faveur de l’esclavage des noirs.
Il continue donc de soutenir que toutes les guerres contre les indiens sont injustes, affrontant les autres théologiens, dont fray Francisco de Vitoria.

A plusieurs occasions il sollicite l’autorisation de ses supérieurs pour aller défendre ses idées devant le Conseil des Indes. Mais l’échec de Cumaná l’a discrédité.

En 1535, il part vers le Pérou mais son bateau fait naufrage près des côtes du Nicaragua où il affronte le gouverneur Rodrigo de Contreras en dénonçant l’envoi d’esclaves indiens au Pérou.

L’année suivante, il se rend au Guatemala pour continuer sa lutte et mettre en marche un projet de conquête pacifique nommée la "Vera Paz". Entre 1537-1538 la christianisation de la zone est obtenue de manière pacifique, remplaçant la "encomienda" par un tribut payé par les indiens.

En 1540 il revient vers la péninsule, convaincu que c’est à la Cour d’Espagne qu’il faut gagner la bataille en faveur des indiens.
Deux ans plus tard, le Conseil des Indes écoute les théories de Las Casas, discours qui fera grande impression sur Carlos I. Le 20 Novembre 1542 sont publiées les « Leyes Nuevas » (Nouvelles Lois) qui restreignent les « encomiendas » et l’esclavage des indiens.

C’est à cette époque que Fray Bartolomé de Las Casas écrit son œuvre principale : la "Brevísima relación de la destrucción de las Indias" (Très brève relation de la destruction des Indes), dans laquelle il accuse les découvreurs du Nouveau Monde de tous genres de crimes et d’abus.

A sa parution, l’œuvre est considérée comme scandaleuse et exagérée. Elle est publiée illégalement en 1552 et obtiendra beaucoup de succès au cours du XVII ème Siècle, devenant une référence lors de la "Légende Noire" contre l’Empire Espagnol.

En 1543 Las Casas renonce à l’évêché de Cuzco mais accepte celui du Chiapas où le roi d’Espagne lui demande de mettre en pratique ses théories.
Sa venue au Chiapas n’est pas très chaleureuse, considéré par les colons comme le responsable de la parution des "Leyes Nuevas" (Nouvelles Lois ).

Sur les terres américaines il écrit un « manuel de confession » où il prévient qu’avant toute confession, le pénitent devra libérer les esclaves qu’il aurait en sa possession. Ces mesures vont être à l’origine de nombreux troubles qui, en 1546, l’obligent à s’en aller à Mexico où il continuera la même politique.

Ses doctrines sont rejetées par une junte de prélats. Ce rejet unanime le conduit à s’embarquer à Vera Cruz pour l’Espagne. Il se retire au couvent de San Gregorio à Valladolid.
Au cours des années 1550-1551 ont lieu d’importantes discussions sur la légitimité de la conquête entre Las Casas et Juan de Ginés Sepúlveda, dont le second sortira vainqueur.

Fray Bartolomé de Las Casas renonce à son évêché et meurt à Madrid en 1566.

 

 
 



Créer un site
Créer un site