3° La précision au sujet d'une récitation de l'office qui doit être brève est stricte a un double but, est-il précisé : d'un côté ne pas perdre la dévotion, d'un autre ne pas gêner les études et la prédication.
contemporains de toutes las générations.
4° Repas et offices doivent être vécus ensemble. La vie communautaire caractérise la vie des fils de saint Dominique.
"Faites ceci en mémoire de moi" a dit le Seigneur. Ainsi saint Dominique, à la suite et à l'imitation des apôtres, est-il un homme au service de la mémoire. La mémoire n'est pas le souvenir. Rappeler un souvenir rencoie a un passé révolu. Il y a des évènements, des situations, des personnes qui ont marqué ceux qui leur ont été présents. Ils en gardent le souvenir. Ils l'évoquent. Ils en gardent la nostalgie, ou au contraire ils en gardent une impression mauvaise.
Mais ici il s'agit de faire mémoire. Il s'agit d'actualiser des évènements qui demeurent. C'est aujourd'hui, pour moi qui vit maintenant que le Christn est né, qu'il est trahi, qu'il souffre, qu'il meurt et qu'il ressuscite. C'est aujourd'hui, à moi qui vit en cet instant, que le Christ donne en communion son corps et son sang sacramentels. C'est aujourd'hui que j'entends proclamer "comme si j'y étais" la Parole de Dieu me touche. Elle me touche au sens physique du terme.
Dominique par sa vocation de prêcheur reçoit cette grâce d'actualiser, tant par sa prédication que par sa vie, l'action salvatrice du Seigneur. Avec tous ceux qui participent à la divine liturgie, que ce soit comme prédicateur et célébrant ou comme fidèle auditeur et recevant la communion, il met enoeuvre le commandement du Seigneur : " Faites ceci en mémoire de moi".
UN HOMME DE GOUVERNEMENT;
C'est ainsi qu'après la célébration du concile ils (Dominique et son évêque) revinrent et communiquèrent aux frères la réponse du Pape. Bientôt après ils firent profession de la Règle de saint Augustin, cet éminent prêcheur, eux les prêcheurs futures,. Ils s'imposèrent en outre quelques coutumes de plus stricte observance, en matière de nourriture, de jeûne, de coucher et de port de la laine. Ils résolurent et instituèrent de ne pas avoir de biens fonds, pour que le tracas des affaires temporelles ne fût pas un obstacle au ministère de la prédication. Ils décidèrent d'avoir encore et seulement drs revenus. (LIB n° 42)
Il lui parut bon [à Saint Dominique] de faire élire abbé un frère qui régirait les autres par autorité, en qualité de supérieur et de chef. Il se réserva toutefois le pouvoir de le controler. Ainsi le frère Matthieu fut-il canoniquement élu en qualité d'abbé. Il fut dans l'ordre le premier et le dernier à porter ce titre d'abbé, car les frères décidèrent dans la suite, pour souligner l'humilité que celui qui serait à la tête de l'Ordre ne s'appellerait pas abbé ais maître.(LIB n° 48)
Homme de prière, homme de parole, saint Dominique fut aussi un homme de gouvernement. Il sait commender, car il a su obéir.Il sait décider car il a su longuement mûrir. Il sait organiser, lui qui a sut durer sur le terrain.
Obéissant, saint Dominique le fut d'abord dans sa jeunesse, quand il suit son évêque. Il entre dans sa surprenante décision de changer de route, de rester en Languedoc et de renvoyer sa suite. Il fut aussi obéissant aux évènements, se laissant guider par eux et y trouvant l'expression de la volonté de Dieu. Dans la maturité de son âge,il se fait obéissant à ses frères, quand il se plie à leur refus d'obtempérer.
Afin que les frères s'appliquassent avec plus d'énergie à l'étude et à la prédication, frère Dominique voulut que les frères convers illétrés de son Ordre commeà toute volonté propre. Ilndassent aux frères lettrés en ce qui regardait l'administratio, et l'entretien des choses temporelles. Mais les frères clercs ne voulurent pas... (VIE p. 53, témoignage du frère Jean d'Espagne )
L'obéissance a formé en lui l'homme intérieur. Dans sa relation a Dieu comme en matière de charité, il a renoncé à toute volonté propre. Il ne fait pas carrière, ni ne pense à sa réussite personnelle. Mais ces dispositions spirituelles ne l'empêchent pas d'être un homme de gouvernement, qui sait commender quand c'est nécessaire. Les frères anciens se souviennent avec émotion de la grande décision de frère Dominique, quand le 15 août 1217, l'Ordre étant à peine confirmé, il disperse ses frères. Des objections s'élèvent dans les rangs des frères mais aussi chez leurs amis et protecteurs. Mais Maître Dominique tient ferme. Voici ce que raconte frère Jean d'Espagne pour qui le souvenir est cuisant, car il a refusé de partir sur la route sans un peu d'argent au point d'obliger saint Dominique à lui céder (cf EVA p. 92)
Lorsque le témoin(c'est à dire lui-même) était au courant de saint Romain à Toulouse avec frère Dominique, celui-ci, contre le propre gré du frère, , l'envoya à Paris avec cinq frères clercs et un convers, pour y étudier, prêcher et fonder un couvent. Il leur disait d'être sans crainte, que tout leur réussirait. Il disait :"Ne me faites pas d'opposition ; je sais ce que je fais". (VIE p.52)
Cette phras est restrée céclèbre parmi les frères . Entendue comme venant d'un saint, elle n'apparaît pas comme lm'expression d'un autoritarisme gratuit, mais au contraire comme la manifestation d'une profonde vie spirituelle, qui aboutit à une décision claire. Dominique agit en homme dont le charisme de fondateur est le commandement. S'il n'avait pas eu cette inspiration, cette vision prophétique de l'avenir, son Ordre n'aurait pas duré.Ce quifrappe dans les décisions importantes qui scandent la vie de saint Dominique, à partir du moment où il n'est plus seulement un prédicateur de l'Evangile, mais le fondateur d'un Ordre voué à la prédication, c'est qu'il n'agit jamais en fonction de lui, mais toujours en fonction soit du but fixé, soit du bien commun. Il disparaît derrière sa décision. Il n'agit ni par caprice, ni par assion. Sa décision le dépasse. Il agit comme sous la dictée d'une volonté supérieure à la sienne et qui le mène là où doit aller son Ordre.
Cette inspiration, sans doute fondée sur ne nature douée, va porter ses fruits les plus durables dans l'institution qu'il va mettre en oeuvre.
Dès le début, on l'a vu faire l'aller et retour de Rome à Toulouse, allant à Rome faire au Pape sa proposition de fondation, puis revenir à Toulouse débattre avec les frères de la règle à choisir et des coutumes à y joindre , revenant ensuit à Rome pour obtenir confirmation définitive de la fondation.
Maître Dominiqueconsacra les dernières de sa vie à doter son Ordre de bases institutionnelle suffisamment claires et précises pour que ses successeurs puissent légiférer efficacement. Ce furent les deux chapitres généraux de 1220 et 1221, où furent prisent les grandes décisions sur lesquelles l'Ordre n'est plus revenu depuis, et en particulier l'institution des définiteurs, qui auraient autorité sur les autres frères et sur le chapitre tout entier, avec pouvoir de statuer, définie et ordonner pour la durer du chapitre.(VIE p. 59, témoignage du frère Rodolphe).
C'est à Bologne qu'on célébra le premier chapitre général de l'Ordre. Le témoin y était présent. Il plut alors au bienheureux frère Dominique de faire instituer des définiteurs qui auraient plein pouvoir sur l'ensemble de l'Ordre, sur le maître et sur les définiteurs eux-mêmes : ils pourraient définir, ordonner, statuer et punir sous réserve du respect de l'autorité due au maïtre (VIE p. 36 témoignage du frère Ventura de Vérone).
C'est aussi à saint Dominique qu'on doit cette décision de sagesse, qu'une loi ne pourra être admise définitivement ou abolie que si trois chapitres successifs se sont prononcés :
Pour éviter la multiplication des constitutions, nous défendons à l'avenir de rien statuer sans le faire approuver par deux chapitres successifs ; au troisième, à celui qui suit immédiatement, on pourra confirmer ou annuler cette disposition ... (VIE pp. 182 - 183, Constitutions primitives).
De même pour l'alternance des chapitres généraux qui est l'originalité de cet Ordre. Les chapitre généraux réunissent alternativement les prieurs provinciaux, hommes de gouvernement, puis "les définisseurs", religieux sans responsabilité de gouvernement. Cette alternative permet d'honorer tant les besoins des gouvernants que ceux des gouvernés. Sachant que tous les frères sont tour à tour dans l'une et l'autre situation, il s'en suit une grande prudence dans les décisions.
Ce génie de l'organisation qui a permis à son Ordre de passer les siècles en séadaptant aux diverses cultures, en gérant les crises et en résistant à l'usure du temps, fut accompagné d'une grande sagesse pratique. MaîtreDominique est le contraire d'un esprit systématique. Il connait l'iomportance d'une bonne législation, mais il en connait aussi les limites.
C'est Humbert de Romans, qui fut maître de l'Ordre et grand législateur qui rapporte lui-même ce trait de l'esprit de sain Dominique qui est resté célèbre, car il donne en même temps l'esprit des lois de l'Ordre :
Nos Anciens m'ont raconté, il m'en souvient, que l'Ordre entendait bien, avant même que l'on eut fixé cette intention dans une loi, que l'obligation des Constitutions n'entrainât pas péché. C'est pourquoi le bienheureux Dominique, au chapitre de Bologne (1220) avait déclaré pour le soulagement des frères scrupuleux, que les obligations de la Règle elle-même n'entraînaient nécessairement péché. Aussi était-il résolu, si certain se le figuraient néanmions, à s'en aller de cloître en cloître pour gratter les Règles avec son couteau. Le frère qui me l'a raconté est celui-là même qui l'a entendu. (EVA p. 118).
Pour être un homme de gouvernement, il faut allier une bonne connaissance et une bonne pratique des lois, qui sont les gardiennes des liberés des individus et des groupes, mais il faut aussi savoir mener les hommes pour qu'ils donnent le meilleu d'eux-mêmes. Saint Dopminique eut toutes ces qualités. Il fut fondateur d'un Ordre qui en passant les siècles a montré la solidité de son institution. Il fût le maître incontesté de la première génération des soeurs et des frères. Bien des fondateurs d'Ordre ont eu à souffrir de leurs frères où de leurs soeurs, plusieut ont même été rejetés de leur propre fondation ou oublié pendant des années. Saint Dominique, qui fut honoré de tous jusqu'à la fin de savie; a laissé un souvenir que bien des hommes de gouvernement envieraient. On savait qu'on pouvait compter sur lui : il ne disait pas à l'un le contraire de ce qu'il disait à l'autre. Rien n'est plus précieux que de savoir que celui qui nous dirige ne changera pas de cap si le vent tourne. Aussi l'aimait-on de cet amour rempli de respect, parfois de vénération, qu'on peut avoir pour un chef, quand c'est un vrai chef.
UN HOMME D'INTELLIGENCE
Notre père Saint Dominique avait encore une autre manière de prier, toute pleine de beauté, de dévotion et de charme. Il s'y livé après les heures canoniales et après l'action de gerâces commune qui suit les repas. Ce bon Père, admirable de sobriété et débordant de l'esprit de dévotion, qu'il avait puisé dans les divines paroles qui se chantaient au choeur ou au réfectoire, se mettait bien vite dan un endroit solitaire, en cellule ou ailleurs, pour lire et prier, receuilli en lui-même et fixé en Dieu. Paisiblement il s'asseyait, et après avoir fait le signe de la croix,il lisait dans quelsue livre ouvert devant lui : son âme éprouvé alors une douce émotion, comme s'il eut entendu le Seigneur lui-même lui adresser la parole. (M8)
C'est dans les écritures que saint Dominique puisant l'ardeur de sa prédication.Il avait reçu de ses prédécesseurs, et il a transmis à ses frères et soeurs, la pratique de la lectio divina. L'infatigable prédicateur de l'Evangile fut aussi un fervent lecteur des Evangiles car il n'y a qu'une Parole de Dieu. La même qui doit être annoncée sur les toits doit aussi être chanter au choeur, lue et méditée dans la prière, contemplée dans l'oraison, partagée dans la vie fraternelle.
Saint Dominique, on l'a dit, n'a pas laisssé un traité de dévotion, ni un manuel d'excercies spirituels. Mais en additionnant les éléments qui ont constitué son armature intérieure, on découvre qu'il a fait mieux que laisser une méthode, il a laissé une pratique. Pour le suivre, il faut l'imiter. Il aurait pu dire, comme saint Paul, "Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ." (1 Cor 11, 1)