SAINT DOMINIQUE

 

 

Ma vie en fraternité

 

 

Un espagnol de Castille

 

 

      Dominique est né vers 1170, à Cleruega, petite cité de Castille, en Espagne.

Pour connaître saint François, son contemporain, il faut connaître Assise. Pour connaître saint Dominique il faudra parcourir à sa suite non seulement la Castille de sa jeunesse mais toute l'Europe jusqu'en Scandinavie, une Europe  en plein mouvement, où les nations émergent peu à peu.

 

     Caléruega est situé  dans un pays aux vastes horizons, exposé à tout vent ; Un pays qui appelle à l'aventure, un rêve mais aussi   au réalisme rude de la vie. C'est un pays neuf, dynamique, qui, libéré des  Sarrazins, s'ouvre sur l'Europe et que traversent les pèlerins en route vers Saint Jacques de Compostelle

 

     Dominique appartient à une famille de petite noblesse à la vie austère, les Guzman.

 

      Quand il est encore très jeune, ses parents l'orientent vers la formation cléricale. Sa mère Jeanne d'Aza     est très pieuse. Les premières étapes se déroulent auprès d'un oncle, prêtre. Puis on l'envoie à Palencia pour faire ses études à l'école-cathédrale.

 

 

La Conversion de Palencia

 

 

Palencia est pour Dominique le lieu où va émerger sa vocation. C'est un étudiant doué qui étudie la Bible avec passion, y consacrant le jour et la nuit. C'est aussi un homme de coeur, joyeux et attentif, qui sait se laisser toucher profondément par la souffrance des autres.

Une famine se déclare à Palencia, l'une de ces grandes famines, endémiques au Moyen Age. Brûlant de compassion, Dominique vend tous ses livres pour constituer une aumône  qui permettra de faire une distribution de nourriture au pauvres. "JE NE VEUX PAS ETUDIER SUR DES PEAUX MORTES TANDIS QUE LES HOMMES MEURENT DE FAIm." Dominique, l'étudiant passionné par la Parole de dieu, se dessaisit ainsi de son instrument de travail, de l'indispensable, de ce qui est pour lui le trésor de ses biens. Dominique assimile l'étude de la Parole de Dieu en la mettant en pratique. Mais plus encore, il veut soulager cette misère de tout son pouvoir et il le fait avec efficacité. Il donne l'exemple et d'autres suivent.

A cette occasion, Dominique révèle non seulement un coeur compatissant à toute détresse humaine mais aussi un courage moral pour faire ce qu'il faut faire, généreusement.

 

 

Le chanoine d'osma

 

La générosité de Dominique envers les pauvres a attiré sur lui l'attention du prieur des chanoines d'Osma, Duiègue, qui cherche à s'entourer d'hommes plein de zèle et de foi. Dominique, ayant donné tous ses biens aux pauvres, peut répondre à l'appel de Diègue.

Le cloître d'Osma, c'est la vie cachée de Dominique. Dans cette communauté fervente de chanoines réformés, il se laisse façonner par la prière, il laisse le Seigneur faire fructifier tout ce qu'il porte déjà en lui et surtout cet extraordinaire don de compassion qu'il a reçu de Palencia. C'est un bon religieux qui devient vite  sous-prieur de sa communauté tandis que Diègue est nommé évêque d'Osma.

 

L'aventure de Scandinavie

 

Des évènements vont sortir Dominique de sa retraite. Diègue est chargé par le roi de Castille d'aller au Danemark négocier le mariage de son fils avec une princesse scandinave ; Dominique est du voyage.

C'est en 1203, et Dominique est âgé de 30 ans, un homme déjà mûr pour l'époque. Ce voyage va être pour luii l'occasion d'un nouveau choc avec le monde, la découverte des limites de son Eglise. Dominique, qui est né aux frontières de l'Islam, découvre au Danemark de nouvelles frontières : des gens qui n'ont jamais entendu l'Evangile du Salut, les Cumans. Dès lors la nostalgie de la mission lointaine ne le quittera plus. J'usqu'au jour de sa mort, il gardera au fond du coeur le désir d'aller prêcher aux Cumans mais cet espoir d'être missionnaire auprès des peuples du Nord, Dominique n'aura jamais la chance de le réaliser.

Ce désir, se sont ses frères dominicains qui le vivront pour lui, mais nous n'en sommes pas encore là ! La mission est inscrite au coeur de Dominique et cette idée de mission est aux dimensions de l'univers.

Dominique rencontre assez tôt dans son voyage vers la Scandinavie une autre limite de l'Eglise, et c'est en son sein même. Il s'agit de l'hérésie, une foi déformée, erronée.

Lors d'une halte à Toulouse il découvre que l'h^te qui l'heberge pour la nuit est un adepte deu catharisme. Toute la nuit, Dominique argumente et discute pour lui montrer la vérité de la foi catholique. Au matin l'homme se convertit. C'est le premier fruit d'un apostolat qui va engager Dominique pendant presque dix ans dans ce pays. Mais il n'en sait rien encore. Comme lors de la famine à Palencia, il fait ce qu'il faut faire. Emu de compassion, il découvre une autre misère de l'homme, spirituelle celle-ci, et il s'y donne tout entier, de toute sa foi, de tout son temps, de tout son savoir de chanoine solidement formé par la prière et par l'étude.

 

 

La prédication apostolique

 

Or, lorsque Diègue et Dominique reviennent de leur mission en Scandinavie, ils traversent à nouveau le Languedoc et s'arrêtent à Montpellier. Nous sommes en mars 1206.

Ils y trouvent les légats du pape, douze abbés cysterciens chargés de la mission contre l'hérésie dans le midi. Découragés, prêts à tout abandonner, ils sont déçus leur manque de succés et ne savent plus que faire. Diègue et Dominique arrivent juste au bon moment ! La Castille n'est pas très loin, on connaît la réputation de l'évêque d'Osma, pourquoi ne pas le consulter ? Il ne peut être que de bon conseil. Diègue pose alors un geste prophétique : il se défait de tous biens, renvoie son équipage à Osma ne gardant que Dominique avec lui et il il explique ce geste. Il reste une chose à faire qui n'a pas encore été tentée : prêcher comme le font les hérétiques, à la manière des apôtres, aller à pieds, deux par deux, en grande humilité, sans rien emporter avec soi, en attendant sa nourriture de la charité. Et les abbés obtempèrent !

Durant deux ans, Dominique suit Diègue dans les prédications itinérante et mendiante. Ils sillonnent la région située entre Montpellier et Fanjeaux à l'ouest. Ils prêchent et organisent des débats contradictoires avec les hérétiques. Ceux-ci sont interloqués de se trouver devant des catholiques qui mènent aue vie aussi austère et édifiante qu'eux>. Dominique ne ménage pas ses forces, donnant le jour au prochain et la nuit à Dieu. Un jour, par un signe,le Seigneur confirme la parole que  Dominique annonce à temps et à contre temps. A Montréal, les Cathares jettent au feu le livre dans lequel Dominique a consigné son argumentaion contre l'hérésie. Par trois fois, non seulement le livre ne brûle pas mais il rebondit hors du feu en présence de tous. Les adversaires refusent pourtant de se convertir.

 

Des soeurs

 

Mais quelques femmes formées par les cathares sont touchés par le signe et se réfugient du côté de Dominique. Ce sont les premiers fruits de sa prédication et prsque les seuls des longues années qu'il va passer au Languedoc.

Il les établit à Fanjeaux, place forte de l'hérésie à un carrefour de routes appelé Prouille. Décision audacieuse qui dit ndéjà beaucoup de la personnalité de Dominique. Il eût été plus prudent de les éloigner de leur famille et de leur milieu, mais il n'en fait rien ! Il les enracine là où s'enracine sa propre Pédication. Elles vont constituer la "Sainte Prédication" de Prouille, présence silencieuse qui dit la paix et la fraternité, bientôt au milieu du vacarme de la guerre avec le déclenchement de la croisade. Il a souci de leur procurer des revenus leur donnant tout ce dont il peut se priver. Il prend aussi en charge leur formation religieuse. Les soeurs diront plus tard avec sans doute une pointe de firté et de revendication qu'elles n'eurent d'autre maîre que Dominique pour les former à la vie de l'Ordre. Il est vrai que les fondements de l'Ordre sont ainsi posés avec la petite pierre de fondation de Prouille, mais Dominique ne le sait pas encore. Comme il ne sait pas non plus que durant les dix années qui vont suivre, ces femmes seront, par leur présence, son plus fidèle soutien.

 

Le temps de l'épreuve

 

Car Diègue doit retourner dans son diocèse d'Osma. Il promet cependant de revenir sans tarder et avant de partir, institue Dominique chef du groupe  de prédicateurs qui restent sur place. Mais peu de temps après, vers la fin de 1207, Diègue meurt. Dominique se retrouve seul pour assumer cet apostolat. Rien ne l'en détournera, pas même la croisade qui est engagée en 1208 et qui semble marquer l'échec de son type d'apostolat. Dominique reste seul dans son choix d'évangélisation et pourtant il s'y tiendra totalement, fidèlement, durant presque dix ans.

Ces années sont des années teribles pour Dominique. Seul, il prie et prêche inlassablement. On menace de le tuer, on lui tend des embuscades. Lui, marche joyeux et chantant. Il stupéfie les hérétisues par son courage et sa constance. "Je ne suis pas encore digne de la gloire du martyre" leur déclare-t-il quand ils lui demandent s'il n'a pas peur de mourir. Comme son Seigneur Jésus, il subit humiliations et moqueries. On crache sur lui, on lui jette de la boue au visage, pour le tourner en dérision on lui accroche des brins de paille dans le dos. Il est teté par des gestes fous comme celui de se vendre comme esclacle pour racheter un homme que les cathares retiennent en lui donnant gîte et couvert.  Il prêche plus par l'exemple que par la parole, vivant dans la pauvreté et je jeûne, dormant peu, souvent à même le sol, et prie longuement la nuit durant : "mon Dieu, ma miséricorde, que vont devenir les pêcheurs ? ". "Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit". (Jn 12,24)

 

 

Naissance de l'Ordre des Prêcheurs

 

Ce qu'il vit, Dominique voudrait que d'autres le vivent avec lui. Il mesure durant ces rudes années d'apostolat, seul ou avec ces compagnons d'un moment, l'urgence d'appuyer le témoignage de la prédication mendiante sur celui d'un vie fraternelle stable et durable. Dominique rêve d'associer aux soeurs que le Seigneur dans sa miséricorde lui a données très tôt, des frères totalement dévoués à l'annonce du Salut.

Or en 1215, le grain durement semé à Fanjeaux va commencer à se lever. Dominique vient à Toulouse pour en faire le quartier général de sa prédication. C'est là qu'un beau jour d'avril, deux toulousains "distingués et capables", Pierre et Thomas, viennent trouver Dominique, décidés à s'engager à ses côtés pour la mission de la; prédication. Pierre offre en outre une maison qu'il possède en ville. L'Ordre des prêcheurs vient de naître.

D'autres recrues vont suivre, et l'évêque Foulquies qui tient en grande estime Dominique, approuve la constitution, dans son diocèse de cette petite équipe de prêcheurs itinérants et mendiants.

En novembre 1215 s'ouvre à Rome un concile convoqué par le pape Innocent III. Celui-ci veut susciter dans l'églis une prédication et une étude renouvelées de la Parole de Dieu. Foilques emmène avec lui Dominique au Concile.

Dominique désire que le >Pape confirme le mode de vie dont il a eu l'initiative : un ordre  qui s'appellerait et serait un "ordre de prêcheurs",. Il s'agit de reconnaître le charisme d'un ordre nouveau. A Rome, une nuit, alors qu'il prie dans la basilique Saint Pierre, Dominique a une vision : il voit Pierre et Paul. Pierre lui donne un bâton, Paul le livre des Evangiles, en lui disant : "Va et prêche car tu as été choisi par lme Seigneur pour ce "ministère" puis, alors qu'il réplique comme argument le trop petit nombre de ses frères, il voit ses compagnons partir deux par deux prêcher dans le monde entier.

effectivement, Innocent III accueille favorablement la demande de Doiminique mais il l'invite à retourner à Toulouse auprès de ses frères et à choisir avec eux une règle de vie monastique déjà reconnue. Qu'il revienne ensuite le trouver et il recevra confirmation sur tous les points. C'est ce que fait Dominique. De retour; il réunit les frères et ils décident à l'unanimité d'adopter la règle de saint Augustin, celle que suivait Dominique comme chanoine d'Osma. Puis ils quittent la maison de Pierre pour le cou vent de saint tomain. Lorsque Doiminique revint à Rome un an plus tard, le nouveau pape Honorius III confirme l'Ordre des  prêcheurs. Nous sommes le 22 décembre 1216

 

 

LA DISPERSION

 

En la fête de l'Assomption 1217, les frères sont rassemblés à Prouille. Après avoir invoqué l'Esprit Saint, Dominique leur déclare qu'il a ppris la décision de les envoyer tous à travers le monde, en dépit de leur petit nombre. La consternation n'a d'égale que la stupéfaction de tous. "je sais bien ce que je fais." leur répondit-il, "Ne me faites pas d'opposition," et les chroniques d'ajouter : "Le grain pourrit si on l'entasse, dispersé il porte du fruit." Quiatre frères sont envoyés vers l'Espagne, d'autres à Rome puis à Bologne, d'autres encore à Orléans, quatre frères partent pour Paris.

Tout cela ne se fait pas sans quelque récrimination ! Frère Jean de Navarre que Dominique envoie à Paris, se refuse à partir sans argent, à la manière des apôtres. Fominique le supplie : "confiez-vous au Seigneur car rien ne manque à ceux qui craignent Dieu." Mais malgré ls larmes de Dominique, Jean Jean n'en damord pas ! Et Dominique de céder en lui donnant un peu de monnaie pour la route. Car, finalement, l'important c'est tout de-même de partir !

Dominique fixe l'objectif de cette dispersion :"étudier,prêcher et vivre en communauté."

Cette initiative, inspirée par l'Esprit, s'avère féconde. Les couvents se multiplient et de riches et fortes personnalités sont attirées par l'Ordre nouveau.

Ainsi en 1218, Dominique est à Rome quand y vient Réginald d'Orléans, savant maître en droit canonique. Celui-ci songe depuis longtemps à laisser tous ses biens pour se consacrer tout entier à la prédication quand il apprend l'existence du nouvel Ordre des Prêcheurs. Réginald demande alors à rencontrer Dominique. Il est bouleversé en le voyant et en l'enten,dant et décide sur le champ de le rejoindre. Mais il tombe gravement malade à tel point que l'on craint pour sa vie. Dominique prie avec ferveur pour lui ;   Que Dieu ne lui enlève pas ce fils qui vient de lui être donné ! Or, une nuit, la Vierge Marie appparait à Réginald, lui fait une onction d'huile et lui dit : "j'oins tes pieds avec l'huile sainte pour qu'ils soient prêts à annoncer l'Evangile de paix",  puis elle lui montre l'habit dominicain. Réginald est aussitôt guéri. Il va devenir l'un des meilleurs collaborateurs de Dominique. Ardent prédicateur, il attire dans l'ordre naissant, nombre d'étudiants et de maîtres en théologie. Après Bologne, il est envoyé par Dominique, aider la petiute communauté de Paris à prendre son essor. C'est là qu'il reçoit dans l'ordre Jourdain de Saxe. Celuyi-ci sera le premier successeur de Dominique à la tête des frères prêcheurs et chroniqueur des débuts de l'ordre. Mais bientôt Réginald tombe malade et meurt, privant Dominique d'un précieux soutien. Il nous laisse comme en héritage cette si belle confidence faite à un frère ; "Je n'ai aucun mérite à vivre dans cet Ordre car kj'y ai toujours trouvé trop de joie." Tout y est dit de cette joie unique des commencements ! "Une voie large et parfumée", dira plus tard Sainte Catherine de Sienne pour parler de la vie dominicain

 

En chemin

 

Dominique, durant ce temps, ne cesse de voyager : de Rome à Bologne, puis en Espagne où il fonde un couvent de moniales à Madrid et de frères à Ségovie. Il confie les moniales de Madrid ) son propre frère Mannès et leur écrit , un an après leur fondation, la seule letttre manuscrite qui nous reste de lui. Puis Dominique repart vers Paris en passant par le Sude de la France et le sanctuaire de Rocamadour accompagné d'un frère : Bertrand de Garrigues. C'est là qu'ils sont rejoints par des pèlerins allemand. Chemin faisant, les pèlerins partagent avec eux provisions de route. Que leur donner en échange de tant de générosité ? Leur annoncer l'Evangiledu Salut. Mais Dominique ne parle leur langue. Il prie alors Dieu de le rendre capable de parler et comprendre l'allemand et il est exaucé. Dominique, qui en chemin ne parle que de Dieu ou qu'avec Dieu, le fait en toute langue ! Pas de frontière pour annoncer Jésus Christ. A Rocamadour, il a passé la nuit en prière, et à chaque halte, Dominique cherche une église ou un monastère pour participer à l'office. Souvent il laisse son compagnon de voyage partir en avant, lui disant : "Pensons à notre Sauveur.".

De Paris, Dominique rejoint Bologne. C'est là qu'il rencontre Diane d'Andalo qui désire fonder un monastère de Dominicaines. Elle fait profession entre ses mains et Dominique assigne aux frères la tâche de construire ce monastère avant même de leur propre couvent. Cela ne se fera pas sans peine mais Diane deviendra la première prieure du monastère saint Agnès de Bologne. De retour à Rome, le pape donfie à Dominique son projet d'un monastère de moniales à Sainte Sixte. Il désire regrouper dans un seul monastère réformé plusieurs communautés de Rome.

Dominique mène à bien, non sans quelques difficultés, cette délicate entreprise. Il envoie des soeurs ç Orouille pour former la nouvelle communauté à la vie de l'Ordre.
  Les moniales de Saint Sixte seront désorlais de l'Ordre à part entière et les confidentes privilégiées du labeur apostolique de Dominique et de ses frères.

En 1220, Dominique convoque la réunion d'u  chapitre général à Bologne. Il est temps maintenant de préciser la légilslation de l'Ordre. On y rédige les premières contitutions et on y adopte le statut d'ordre mandiant.. Dominique demande à être relevé de sa place à la tête de l'Ordre. Depuis longtemps, il rêve d'^tre missionnaire en terre païenne, parmi les Cumans dont il avait entendu parler du temps de son voyage avec Diègue  en Scandinavie. L'Ordre peut maintenant se développer sans lui, les hommes de valeurs ne manquent pas. Mais les frères ne l'entendent pas ainsi ! Ils refusent de déposer Dominique. Ce dernier obtient ce pendant que ce soit le Chapitre et non le maître de l'Ordre qui ait l'autorité suprême pour prendre les décisions.

   En juin 1221, le second chapitre général organise le développement de la mission. Le rêve de terres lointaines de Dominique est contagieux, les vocations affluent et les couvents de multilient : à Oxford, mais aussi en Hongrie et en Pologne, au Maroc. Des provinces se constituent.

 

La mort

    Alors qu'il prêche en Italie du Nord, Dominique décide, en juillet, de rejoindre Bologne. Il y arrive le 28 juillet 1221, épuisé, car la chaleur est accablante. Pourtant Dominique refuse de prendre du repos,  il s'entretien avec les frères et, selon son habitude, va à l'église pour y prier jusqu'à l'office de matines. Là, il est ^pris de violents maux de tête et doit s'aliter. Il n'a même pas de lit personnel et c'est un frère qui lui donne le sien. Sachant sa mort proche, il fait venir près de lui les jeunes frères,les novices qui sont désemparés, se demandant ce qu'ils vont devenir sans lui. Il leur parle, les encourage, les consoles :

"Je vous serai plus utile et vous aiderai plus efficacement après ma mort que pendant ma vie ."

Dominique reste le consomateur de ses frères jusqu'au bout, alors même qu'il est en train de mourir ! Dominique, comme au temp de sa jeunesse à Palencia, se soiucie avant tout d'^tre le plus utile pour ses frères : qu'il ne perde pas courage et surtout qu'is restent fervents dans l'annonce de l'Evangile. Puis il a cette confidence pleine d'humaine simplicité :

"Je n'ai pu éviter cette imperfection, je l'avoue, de trouver plus d'attrait à la conversation des jeunes filles, qu'aux dixcours des vielles femmes."

Le moment de la mort approche, les frères sont assemblés autour de Dominique. L'un d'eux lui demande : "Père, où voulez-vous que soit enseveli votre corps ? "

"sous les pieds de mes frères."

Gardons-nous de voir là une marque d'humilité de la part de Dominique ! C'est simplement le plus beau témoignage de ce qu'est une communauté fraternelle pour lui : le lieumême de la présence du Christ. "Quand deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux" (Mt 18,20) Communauté "sainte" qui est aussi "Sainte Prédication" comme au premier temps de Prouille ! Dominique peut partir en paix vers son Seigneur. Il ne lui reste plus qu'à confier à Dieu, non pas lui-même, mais ses frères. Levant alors les yeux et les mains vers le ciel; il prie :

"Père Saint, tu le sais, je me suis attaché de bon coeur à faire ta volonté, et ceux que tu m'as donné je les ai gardés et conservés. Je te les recommande à mon tour, conserv-les et garde-les."

Il meurt pendant que ses frères prient pour lui. Ce jour là, l'Eglise célèbre la  fête de la Transfiguration du Seigneur. Dominique va enfin contempler Clui qu'il a si ardamment annoncé.

La compassion de Dominique

Palencia :Dominique est un tout jeune homme. Il étudie la Bible avec passion, celle qu'il mettra partout dans sa vie. Survient une famine qui ravage le pays. Dominique pose alors un acte qui déjà tout entier ce qu'ilest : un être assoiffé de vérité et brûlant de compassion. Au coeur de la famine, sa vérité, c'est de donner tout ce qu'il a : ses livres, son "indispensable" pour étudier. Une goutte d'eau au regfard de la famine qui sévit, mais par ce geste, il donne son tout, comme il ne cessera de le faire sa vie durant.             La miséricorde est un trait déterminant de la personnalité de Domibique. Comme son Seigneuir Jésus Christ, il souffre avec ceux qui souffrent, la misère des hommes le bouleverse. C'est un homme de coeur et s'il réagit, tout jeune, à lma misère matérielle causée par la famine, il réagira plus tard à la misère morale de ceux qui se sont laissés entraîner dans l'hérésie.Il souhaiterait même être vendu comme esclave en échange de l'argent nécessaire à un hérétique pour sortir de la situation dans laquelle il était enfermé.
Nombreux sont ceux qui l'ont vu pleurer comme Jésus sur Jérusalem, indifférente à son message d'amour. Dominique pleure en célébrant la messe faisant sienne la passion du Christ. Mais Dominioque sait aussi consoler ceux qui pleurent, ses frèrtes tout particulièrement. Il leur parle, les exhorte à reprendre courage et ses paroles sont si douces qsue les frères repartent consolé et réconfortés.

Il y avait en lui une très ferme égalité d'âme sauf quand quelque misère en le troublant lm'exciotait à la compassion et à la miséricorde. (Ibellus n°103)

Il accueillait tous les hommes dans le vaste sein de sa charité et, puisqu'il aimait tout le monde, tout le monde l'aimait. Il s'était fait une loi personnelle de se réjouir avec les gens joyeux et pleurer avec ceux qui pleurent, débordant d'affection religieuse et se dévouant tout entier à s'occuper du prochain et à compatir aux gens dans la misère. (Libellus n°107)

La prière de dominique

Tous ceux qui ont connu Dominique ont été frappé  par l'immensité de sa prière.  Il passe, nous disent-ils  plus de temps à prier qu'à dormir, parlant toujours avec Dieu ou de Dieu. Comme un enfant plonge dans le sommeil, Dominique plong : "e dans la  prière dès qu'il a un instant. Et c'est de tout  son être qu'il prie, de tout son corps? Parfois il est humblement prosterné devant l'autel, souvent aussi il prie entièrement étendu, la face contre terre. Agenouillé, il contemple inlassablement la croix. Il aura cette confidence à un frère qui l'interrogeait sur le livre dans lequel il a le plus étudié :"c'est dans le livre de la croix, le livre de la charité, c'est lui qui enseigne tout" Dominique aime à prier debout devant le crucifix, les mains étendues devant lui à la façon d'un livre ouvert. Il prie aussi les bras en croix, paumes ouvertes vers le ciel, s'identifiant à son Sauveur. Et ce n'est pas pour lui qu'il prie, mais par une grâce d'intercession  toute spéciale, pour les pauvres, les pêcheurs, les affligés, qu'il porte dans le sanctuaire intime de sa compassion. Les frères l'entendent crier dans sa prière : " Seigneur, aie pitié de ton peuple ! Que  vont devenir les pêcheurs ?"
C'était pour lui une habitude très courante de passer la nuit en prière. La porte close, il priait son Père. Au cours et à la fin de ses oraisons, il avait accoutumé de proférer des cris et des paroles dans le gémissement de son coeur... Une de ses demandes fréquentes et singulières à Dieu était qu'il lui donnât une charité véritable et efficace pour cultiver  et procurer le salut des hommes : car il pensait qu'il ne serait vraiment membre du Christ que le jouroù il pourrait se donner tout entier, avec toutes ses forces, à gagner des âmes comme le Seigneur Jésus, Sauveur de tous les hommes, se consacra tout entier à notre salut.
(Libellus n°13)


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La compassion de Dominique

Palencia : Dominique est un tout jeune homme. Il étudie la Bible avec passion, celle qu’il mettra partout dans sa vie.

Survient une famine qui ravage le pays. Dominique pose alors un acte qui dit déjà tout entier ce qu’il est : un être assoiffé de vérité et brûlant de compassion. Au cœur de la famine, sa vérité, c’est de donner tout ce qu’il a : ses livres, son « indispensable » pour étudier. Une goutte d’eau au regard de la famine qui sévit, mais par ce geste il donne son tout, comme il ne cessera de le faire sa vie durant.

(Fra Angelico)

La miséricorde est un trait déterminant de la personnalité de Dominique. Comme son Seigneur Jésus Christ, il souffre avec ceux qui souffrent, la misère des hommes le bouleverse. C’est un homme de cœur et s’il réagit, tout jeune, à la misère matérielle causée par la famine, il réagira plus tard à la misère morale de ceux qui se sont laissé entraîner dans l’hérésie. Il souhaitera même être vendu comme esclave en échange de l’argent nécessaire à un hérétique pour sortir de la situation dans laquelle il était enfermé.

 

 

(Fra Angelico)
(Fra Angelico)
Nombreux sont ceux qui l’ont vu pleurer comme Jésus sur Jérusalem, indifférente à son message d’amour. Dominique pleure en célébrant la messe faisant sienne la passion du Christ. Mais Dominique sait aussi consoler ceux qui pleurent, ses frères tout particulièrement. Il leur parle, les exhorte à reprendre courage et ses paroles sont si douces que les frères repartent consolés et réconfortés. Il y avait en lui une très ferme égalité d’âme sauf quand quelque misère en le troublant l’excitait à la compassion et à la miséricorde (Libellus n°103)

 

Il accueillait tous les hommes dans le vaste sein de sa charité et, puisqu’il aimait tout le monde, tout le monde l’aimait. Il s’était fait une loi personnelle de se réjouir avec les gens joyeux et de pleurer avec ceux qui pleurent, débordant d’affection religieuse et se dévouant tout entier à s’occuper du prochain et à compatir aux gens dans la misère (Libellus n°107)

La prière de Dominique

Tout ceux qui ont connu Dominique ont été frappés par l’intensité de sa prière. Il passe, nous disent-t-ils plus de temps à prier qu’à dormir, parlant toujours avec Dieu ou de Dieu. Comme un enfant plonge dans le sommeil, Dominique plonge dans la prière dès qu’il a un instant. Et c’est de tout son être qu’il prie, de tout son corps. Parfois il est humblement prosterné devant l’autel, souvent aussi il prie entièrement étendu, la face contre terre. Agenouillé, il contemple inlassablement la croix. Il aura cette confidence à un frère qui l’interrogeait sur le livre dans lequel il a le plus étudié : « c’est dans le livre de la croix, le livre de la charité, c’est lui qui enseigne tout ».

Dominique aime à prier debout devant le crucifix, les mains étendues devant lui à la façon d’un livre ouvert. Il prie aussi les bras en croix, paumes ouvertes vers le ciel, s’identifiant à son Sauveur.

Et ce n’est pas pour lui qu’il prie, mais par une grâce d’intercession toute spéciale, pour les pauvres les pécheurs, les affligés, qu’il porte dans le sanctuaire intime de sa compassion. Les frères l’entendent crier dans sa prière :« Seigneur, aie pitié de ton peuple !que vont devenir les pécheurs ? »

C’était pour lui une habitude très courante de passer la nuit en prière. La porte close, il priait son père. Au cours et à la fin de ses oraisons, il avait accoutumé de proférer des cris et des paroles dans le gémissement de son cœur...Une de ses demandes fréquentes et singulières à Dieu était qu’il lui donnât une charité véritable et efficace pour cultiver et procurer le salut des hommes : car il pensait qu’il ne serait vraiment membre du Christ que le jour où il pourrait se donner tout entier, avec toutes ses forces, à gagner des âmes comme le Seigneur Jésus, Sauveur de tous les hommes, se consacra tout entier à notre salut.(Libellus n°13)

Dominique et la Parole de Dieu

Dominique se donne avec ferveur à la prédication. Il exhorte et oblige les frères à annoncer la Parole de Dieu de jour et de nuit, dans les églises et les maisons, par les champs et sur les chemins, partout, et à ne jamais parler que de Dieu. Lui même se manifeste partout comme un homme de l’Evangile, en parole et en acte.

C’est dans les Ecritures que Dominique puise l’ardeur de sa prédication. Infatigable prêcheur de l’Evangile, c’est aussi un fervent lecteur des évangiles. En voyage il ne se sépare pas de l’évangile de Matthieu et des épîtres de saint Paul. Il les étudie jusqu’ à les savoir presque par cœur.

 

Vierge Marie et St.Dominique devant le Christ aux outrages (Fra Angelico)
Vierge Marie et St.Dominique devant le Christ aux outrages (Fra Angelico)
Le bienheureux Fra Angelico nous a laissé une admirable fresque où il montre Dominique priant et lisant assis un livre sur les genoux. On omet souvent de montrer l’ensemble de la fresque. Or ce que Dominique contemple dans sa lecture c’est encore la passion du Seigneur : le Christ aux outrages.

 

Sans relâche, Dominique étudie l’Ancien et le Nouveau Testament, et il exhorte les frères à faire de même. Telle était sa persévérance et son avidité à puiser dans les Saintes Ecritures qu’infatigable quand il s’agissait d’étudier, il passait les nuits à peu près sans sommeil, cependant que dans le plus profond de son esprit, la mémoire tenace retenait dans son sein la vérité que recevait l’oreille. Et ce qu’il apprenait avec facilité grâce à ses dons, il l’arrosait des sentiments de sa piété et en faisait germer des œuvres de salut (Libellus n°7)

Dominique et la douceur de la fraternité

Sauf quand quelque misère bouleverse son cœur, Dominique a toujours le visage joyeux. Par cette joie, il s’infiltrait sans peine, dès le premier regard, dans l’affection de tous...Durant le jour, nul ne se mêlait plus que lui à la société de ses frères ou de ses compagnon de route, nul n’était plus gai.(Libellus n°104) les témoignages sont nombreux de ceux et celles qui sont touchés par le rayonnement de sa personnalité ; les frères bien sûr, les compagnons de voyage, mais aussi les sœurs qui, les premières, se sont attachées à sa prédication en languedoc. L’une d’elle dira plus tard qu’elles n’eurent pas d’autre maître que Dominique pour les former à la vie de l’Ordre.

Dominique aide et visite les monastères qu’il a fondé. Il partage aux moniales ses succès dans la prédication et le recrutement de l’Ordre. C’est chez elles qu’un soir, tandis qu’il parle, il remarque que les sœurs ont soif. Il fait alors circuler une coupe de vin pour les rafraîchir, geste plein d’humaine sollicitude. L’une d’elle, sœur Cécile, nous laissera un touchant portrait de Dominique.

Taille moyenne, corps mince, visage beau et légèrement coloré, cheveux et barbe légèrement roux, de beaux yeux. De son front et de ces cils, une sorte de splendeur rayonnait qui attirait la révérence et l’affection de tous. Il restait toujours souriant et joyeux, à moins qu’il fût ému de compassion par quelque affliction du prochain. Il avait les mains longues et belles ; une grande voix belle et sonore. Il ne fut jamais chauve, et sa couronne de cheveux était complète, parsemée de rares fils blancs.

 
 

Pour l’ensemble du texte, on peut lire : "Dominique, un homme de compassion" par sr.Dominique Emmanuel
ed.Le Livre Ouvert 6,00 €
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© monastère de chalais




 

Mercredi 3 février 2010 le pape Benoît XVI au cours de l'audience générale a présenté la figure de S Dominique en la salle Paul VI, au Vatican.

Chers frères et sœurs,

La semaine dernière, j'ai présenté la figure lumineuse de François d'Assise et aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un autre saint qui, à la même époque, a apporté une contribution fondamentale au renouveau de l'Eglise de son temps. Il s'agit de saint Dominique, le fondateur de l'Ordre des Prêcheurs, connus également sous le nom de Frères dominicains.Son successeur à la tête de l'Ordre, le bienheureux Jourdain de Saxe, offre un portrait complet de saint Dominique dans le texte d'une célèbre prière : « Enflammé par le zèle de Dieu et par l'ardeur surnaturelle, par ta charité sans fin et la ferveur de ton esprit véhément, tu t'es consacré tout entier par le vœu de la pauvreté perpétuelle à l'observance apostolique et à la prédication évangélique ». C'est précisément ce trait fondamental du témoignage de Dominique qui est souligné : il parlait toujours avec Dieu et de Dieu. Dans la vie des saints, l'amour pour le Seigneur et pour le prochain, la recherche de la gloire de Dieu et du salut des âmes vont toujours de pair.

Dominique est né en Espagne, à Caleruega, aux alentours de 1170. Il appartenait à une noble famille de la Vieille Castille et, soutenu par un oncle prêtre, il fut formé dans une célèbre école de Palencia. Il se distingua immédiatement par son intérêt pour l'étude de l'Ecriture Sainte et par son amour pour les pauvres, au point de vendre ses livres, qui à l'époque représentaient un bien d'une grande valeur, pour venir en aide, grâce à l'argent qu'il en tira, aux victimes d'une famine.

Ordonné prêtre, il fut élu chanoine du chapitre de la cathédrale de son diocèse d'origine, Osma. Même si cette nomination pouvait représenter pour lui un motif de prestige dans l'Eglise et dans la société, il ne l'interpréta pas comme un privilège personnel, ni comme le début d'une brillante carrière ecclésiastique, mais comme un service à rendre avec dévouement et humilité. La tentation de la carrière n'est-elle pas une tentation dont ne sont exempts pas même ceux qui ont un rôle d'animation et de gouvernement dans l'Eglise ? C'est ce que je rappelais, il y a quelques mois, à l'occasion de la consécration de quelques évêques : « Ne recherchons pas le pouvoir, le prestige, l'estime pour nous-mêmes... Nous savons que dans la société civile, et souvent, même dans l'Eglise, les affaires souffrent du fait que beaucoup de personnes, auxquelles a été confiée une responsabilité, œuvrent pour elles-mêmes et non pas pour la communauté » (Homélie lors de la chapelle pontificale pour l'ordination épiscopale de cinq prélats, 12 septembre 2009).

L'évêque d'Osma, qui s'appelait Diego, un véritable pasteur zélé, remarqua très tôt les qualités spirituelles de Dominique, et voulut bénéficier de sa collaboration. Ils allèrent ensemble en Europe du nord, pour accomplir des missions diplomatiques qui leur avaient été confiées par le roi de Castille. En voyageant, Dominique se rendit compte de deux immenses défis pour l'Eglise de son temps : l'existence de peuples pas encore évangélisés, aux frontières au nord du continent européen et le déchirement religieux qui affaiblissait la vie chrétienne dans le sud de la France, où l'action de certains groupes hérétiques créait des troubles et éloignait de la vérité de la foi. L'action missionnaire envers ceux qui ne connaissaient pas la lumière de l'Evangile et l'œuvre de réévangélisation des communautés chrétiennes devinrent ainsi les objectifs apostoliques que Dominique se proposa de poursuivre. Ce fut le Pape, auprès duquel l'évêque Diego et Dominique se rendirent pour lui demander conseil, qui demanda à ce dernier de se consacrer à prêcher aux Albigeois, un groupe hérétique qui soutenait une conception dualiste de la réalité, c'est-à-dire à travers deux principes créateurs également puissants, le Bien et le Mal. Ce groupe, par conséquent, méprisait la matière comme provenant du principe du mal, refusant également le mariage, allant jusqu'à nier l'incarnation du Christ, les sacrements dans lesquels le Seigneur nous « touche » à travers la matière et la résurrection des corps. Les Albigeois privilégiaient la vie pauvre et austère, - dans ce sens, il étaient également exemplaires - et ils critiquaient la richesse du clergé de l'époque. Dominique accepta avec enthousiasme cette mission, qu'il réalisa précisément à travers l'exemple de son existence pauvre et austère, à travers la prédication de l'Evangile et les débats publics. Il consacra le reste de sa vie à cette mission de prêcher la Bonne Nouvelle. Ses fils devaient réaliser également les autres rêves de saint Dominique : la mission ad gentes, c'est-à-dire à ceux qui ne connaissaient pas encore Jésus, et la mission à ceux qui vivaient dans les villes, surtout les villes universitaires, où les nouvelles tendances intellectuelles étaient un défi pour la foi des personnes cultivées.

Ce grand saint nous rappelle que dans le cœur de l'Eglise doit toujours brûler un feu missionnaire, qui incite sans cesse à apporter la première annonce de l'Evangile et, là où cela est nécessaire, une nouvelle évangélisation : en effet, le Christ est le bien le plus précieux que les hommes et les femmes de chaque époque et de chaque lieu ont le droit de connaître et d'aimer ! Il est réconfortant de voir que dans l'Eglise d'aujourd'hui également il existe tant de personnes - pasteurs et fidèles laïcs, membres d'ordres religieux anciens et de nouveaux mouvements ecclésiaux - qui donnent leur vie avec joie pour cet idéal suprême : annoncer et témoigner de l'Evangile !

A Dominique Guzman s'associèrent ensuite d'autres hommes, attirés par la même aspiration. De cette manière, progressivement, à partir de la première fondation de Toulouse, fut créé l'ordre des prêcheurs. Dominique, en effet, en pleine obéissance aux directives des Papes de son temps, Innocent III et Honorius III, adopta l'antique Règle de saint Augustin, l'adaptant aux exigences de vie apostolique, qui le conduisaient, ainsi que ses compagnons, à prêcher en se déplaçant d'un lieu à l'autre, mais en revenant ensuite dans leurs propres couvents, lieux d'étude, de prière et de vie communautaire. Dominique voulut souligner de manière particulière deux valeurs considérées indispensables pour le succès de la mission évangélisatrice : la vie communautaire dans la pauvreté et l'étude.

Dominique et les frères prêcheurs se présentaient tout d'abord comme mendiants, c'est-à-dire sans de grandes propriétés foncières à administrer. Cet élément les rendait plus disponibles à l'étude et à la prédication itinérante et constituait un témoignage concret pour les personnes. Le gouvernement interne des couvents et des provinces dominicaines s'organisa sur le système des chapitres, qui élisaient leurs propres supérieurs, ensuite confirmés par les supérieurs majeurs ; une organisation qui stimulait donc la vie fraternelle et la responsabilité de tous les membres de la communauté, en exigeant de fortes convictions personnelles. Le choix de ce système naissait précisément du fait que les dominicains, en tant que prêcheurs de la vérité de Dieu, devaient être cohérents avec ce qu'ils annonçaient. La vérité étudiée et partagée dans la charité avec les frères est le fondement le plus profond de la joie. Le bienheureux Jourdain de Saxe dit de saint Dominique : « Il accueillait chaque homme dans le grand sein de la charité et, étant donné qu'il aimait chacun, tous l'aimaient. Il s'était fait pour règle personnelle de se réjouir avec les personnes heureuses et de pleurer avec ceux qui pleuraient » (Libellus de principiis Ordinis Praedicatorum autore Iordano de Saxonia, ed. H.C. Scheeben, [Monumenta Historica Sancti Patris Nostri Domiici, Romae, 1935]).

En second lieu, par un geste courageux, Dominique voulut que ses disciples reçoivent une solide formation théologique, et il n'hésita pas à les envoyer dans les universités de son temps, même si un grand nombre d'ecclésiastiques regardaient avec défiance ces institutions culturelles. Les Constitutions de l'Ordre des prêcheurs accordent une grande importance à l'étude comme préparation à l'apostolat. Dominique voulut que ses frères s'y consacrent sans compter, avec diligence et piété ; une étude fondée sur l'âme de tout savoir théologique, c'est-à-dire sur l'Ecriture Sainte, et respectueuse des questions posées à la raison. Le développement de la culture impose à ceux qui accomplissent le ministère de la Parole, aux différents niveaux, d'être bien préparés. Il exhorte donc tous, pasteurs et laïcs, à cultiver cette « dimension culturelle » de la foi, afin que la beauté de la vérité chrétienne puisse être mieux comprise et la foi puisse être vraiment nourrie, renforcée et aussi défendue. En cette Année sacerdotale, j'invite les séminaristes et les prêtres à estimer la valeur spirituelle de l'étude. La qualité du ministère sacerdotal dépend aussi de la générosité avec laquelle on s'applique à l'étude des vérités révélées.

Dominique, qui voulut fonder un Ordre religieux de prêcheurs-théologiens, nous rappelle que la théologie a une dimension spirituelle et pastorale, qui enrichit l'âme et la vie. Les prêtres, les personnes consacrées ainsi que tous les fidèles peuvent trouver une profonde « joie intérieure » dans la contemplation de la beauté de la vérité qui vient de Dieu, une vérité toujours actuelle et toujours vivante. La devise des frères prêcheurs - contemplata aliis tradere - nous aide à découvrir, ensuite, un élan pastoral dans l'étude contemplative de cette vérité, du fait de l'exigence de transmettre aux autres le fruit de notre propre contemplation.

Lorsque Dominique mourut en 1221, à Bologne, la ville qui l'a déclaré patron, son œuvre avait déjà rencontré un grand succès. L'Ordre des prêcheurs, avec l'appui du Saint-Siège, s'était répandu dans de nombreux pays d'Europe, au bénéfice de l'Eglise tout entière. Dominique fut canonisé en 1234, et c'est lui-même qui, par sa sainteté, nous indique deux moyens indispensables pour que l'action apostolique soit incisive. Tout d'abord la dévotion mariale, qu'il cultiva avec tendresse et qu'il laissa comme héritage précieux à ses fils spirituels, qui dans l'histoire de l'Eglise ont eu le grand mérite de diffuser la prière du Rosaire, si chère au peuple chrétien et si riche de valeurs évangéliques, une véritable école de foi et de piété. En second lieu, Dominique, qui s'occupa de plusieurs monastères féminins en France et à Rome, crut jusqu'au bout à la valeur de la prière d'intercession pour le succès du travail apostolique. Ce n'est qu'au Paradis que nous comprendrons combien la prière des religieuses contemplatives accompagne efficacement l'action apostolique ! A chacune d'elles j'adresse ma pensée reconnaissante et affectueuse.

Chers frères et sœurs, la vie de Dominique Guzman nous engage tous à être fervents dans la prière, courageux à vivre la foi, profondément amoureux de Jésus Christ. Par son intercession, nous demandons à Dieu d'enrichir toujours l'Eglise d'authentiques prédicateurs de l'Evangile. 
 

 

Le 19   Juin 1987
DOMINIQUE, à ce nom chacun d'entre nous associe, dans son coeur ou dans sa tête, une image ; images qui peuvent être très diverses et variées selon nos livres de piété ou nos livres d'histoire, selon nos sensibilités ou nos états de vie. Je ne ferai pas un tour exhaustif de toutes ces images, surtout qu'il est difficile d'enfermer dans des contours trop figés et précis cet homme toujours en mouvement, jusque dans sa prière. Je voudrais seulement avec vous ce soir, raviver les couleurs   de cette image, et l'impression qu'elle peut produire en nous.
Une silhouette donc se découpe sur le chemin, un homme se découpe dans la lumière, qu'elle soit de Castille, du Lauragais ou de Lombardie, un homme se découpe en noir et blanc : blanc, l'habit de chanoine régulier de St Augustin, de celui qu'on appelait "seigneur Dominique,chanoine de la cathédrale d'Osma ;
Noir, le manteau de voyage qui ne quitte plus les épaules de celui que l'on appelle désormais " frère Dominique prédicateur mendiant de l'Évangile.

Blanc , cet homme qui n'a rien abandonné de son idéal régulier de prière et de méditation de l'Écriture, et qui dans la cohue des routes et des villes du XIII° siècle reste fermement établi en Dieu ;
Noir, cet homme dévoré du désir   d'annoncer l'Évangile à tous les hommes, à pied et à mains nues ; et qui dans le silence du cloitre   conventuel reste en route vers tous les pécheurs   de la terre.
Dominique est un homme en noir et blanc : noir comme le creux de la nuit, blanc comme le plein jour . Dominique un homme de nuit et de jour : de nuit - la solitude, la compassion., les larmes ; de jour - la multitude, la gaité, le sourire et Jourdain de Saxe d1 écrire: " il consacrait la nuit à Dieu et le jour au prochain" .
La nuit à Dieu? Oui, mais pour les hommes ; à prier pour eux, à crier pour eux, à pleurer pour eux:, portant toutes leurs misères dans la Miséricorde du Dieu-Crucifié.
Le jour au prochain ? Certes, mais pour Dieu : à L'annoncer, à Le louer, à témoigner de Lui, portant sa Miséricorde dans toutes les situations de misères des hommes pécheurs,
Admirable dialogue des nuits et des jours de Dominique réalisant l'unique et double commandement de l'amour du Seigneur, qui est toute la Loi et les Prophètes.
Admirable dialogue des nuits et des jours de Dominique   où nous voyons se dessiner le mystère qui unifie la vie , le cœur de son être : la rencontre, l'union de la Miséricorde de Dieu et de la misère des hommes, union qui éclate dans la Croix de Jésus : la misère  des hommes.
Croix qui manifeste en plénitude la vérité du Dieu qui se  révèle    & se donne à connaître ; Croix qui déploie à l'infini l'Amour du Dieu Sauveur faisant toute chose nouvelle et recréant l'homme à son Image et ressemblance.
Amour et Vérité sans cesse contemplés dans le grand livre de la Croix, Amour et Vérité
sans cesse annoncés par tous les moyens à tous les hommes : c'est bien là ce que
Dominique transmettra à ses frères, le but de son Ordre, c'est bien là ce qui réunit
dans une mme identité et une même communion fraternelle des hommes aussi divers que
fr Thomas enseignant à l'Université et écrivant sa Somme,
fr Ferrier Vincent prêchant les fouler; d'Europe à dos d'àne,
fr Angélico peignant les murs des églises et des couvents,
ou plus près de nous fr Lataste et l'oeuvre de Béthanie,
fr Lagrange fondant l'École Biblique
et fr Couturier travaillant à l'Art sacré ...
et tant d'autres qu'il faudrait nommer, tous fils de cet homme en noir et blanc, de cet homme en croix, qui a cheminé   de nuit en jour et de jour en nuit jusqu'au soir de cette Transfiguration de l'an 1221   où il est entré dans la nuée, Lumière-Ténèbres, où le Christ  Jésus illumine de la gloire de Dieu ; Lumière que son visage avait réfléchie aux yeux de ses contemporains.
Au soir de sa pâque, Dominique laissait des fils et des filles,   ou plutôt   une communion de frères et de sœurs profondément et tendrement unis, comme en témoignent les sœurs Dianne et Cécile.
A ses moniales, Dominique laisse la solitude de ses nuits pour porter toutes les misères humaines dans le sanctuaire de la Miséricorde de Dieu j à ses frères il laisse la multitude de ses jours pour porter la Parole du salut à tous les hommes, surtout ceux qui en sont le plus loin.
Depuis la   famille dominicaine a grandi, les soeurs actives et les fraternités laïques ont rejoint les premiers frères et les premières moniales, pour dessiner une immense croix noire et blanche qui embrasse les quatre horizons de la terre et font se rejoindre en tout temps et en tous   lieux la Miséricorde de Dieu et la misère des hommes pour que vienne le Royaume.
Chacun d'entre nous, ici ce soir, a sa place dans cette communion, à un titre ou a un autre; à chacun d'entre noua d'être cet homme ou cette femme en noir et blanc cet homme ou cette femme en nuit et de jour, cet homme ou cette femme en croix  pour que brille la Lumière de la Vérité et se déploient les ailes de l'Amour.   Que Dieu en accorde la grâce  par l'intercession de notre Père Dominique.



 

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