Reviens et pleure !
Max Gallo, historien raconte : c'était en 2001, il attend ses amis sur les marches de l'église saint-Sulpice. Or, il y a 30 ans, dans ce quartier, on est venu lui annoncer le suicide der sa fille. Le souvenir est tellement intense que, presque malgré lui, il entre dans l'église pour prier. Il écrit: J'avais eu le désir de m'allonger sur les dalles de la nef, devant l'autel, bras en croix, et de rester là immobile. […] Pourtant dans cette église, le jour du suicide de ma fille, j'avais su – j'avais cru - que Dieu nous l'avait reprise parce que nous ne l'avions pas assez désirée pour être heureux de sa naissance, et que nous avions négligé de la faire baptiser. […] Et je me retrouvais là, trente plus tard, sur le seuil de cette église, toujours vivant, avec encore cette blessure, cette faille qui me déchirait.[...] Le père V. avait commencé d'officier. […] Sa voix était assurée, il détachait chaque mot, et j'eus l'impression qu'il avait posé sa main sur ma nuque, et qu'il me forçait à baisser la tête. […] J'ai levé les yeux Et j'ai laissé sans essayer de les masquer, les larmes envahir mes yeux, puis glisser sur mon visage. Ses larmes de souffrance ouvrent son cœur. Enfin, il peut se laisser aller à pleurer. Pleurs de douleur et de soulagement, mais aussi larmes de retrouvailles et de réconciliation avec lui-même et avec Dieu : « Tu étais là et je ne le savais pas. »
Dans la deuxième manière de prier, saint Dominique se jette à terre, pour tenter de réduire ou d'annuler la distance qui le sépare de Dieu et il pleure : Mon Dieu, aie pitié de moi qui suis un pêcheur (Luc 18, 13) je ne suis pas digne de voir la hauteur du ciel à cause de la grandeur de ma faute. Ses larmes et son corps allongé traduisent sa prière. Qu'est-ce que saint Dominique voit ? Quelles sont le paroles du Christ qu'il entend ? Dans l'évangile de saint Luc, Jésus pleure sur Jérusalem : quand Jésus fut proche, à la vue de la ville, il pleura sur elle, en disant « Ah ! Si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! […] Tu n'as pas reconnu le temps où tu fus visitée » (Luc 19, 41 ; 44)
Aujourd'hui encore Jésus pleure sur nous car nous ne reconnaissons pas le temps de son passage, Il pleure devant l'indifférence, l'oubli, l'ingratitude, l'inattention, la révolte. Durant la liturgie de la Semaine Sainte, le vendredi pendant la vénération de la croix, nous entendons le chant des « impropères » , c'est à dirte les lamentions du Christ sur son peuple. La liturgie, en quelque sorte, « fait parler » le Christ, au moment de sa crucifixion : Ô mon peuple, que t'ai-je fais ? En quoi t'ai-je contristé ? Répond-moi ! T'ai-je fait sortir d'Egypte, t'ai-je fait entrer en Terre Promise, pour qu'à ton Sauveur tu fasse une Croix ? T'ai-je guidé quarante dans le désert et nourri de la manne, pour qu'à ton Sauveur, tu fasses une Croix ? Moi, eaux vives du rocher, je t'ai fait boire le salut ; toi tu me fis boire le fiel, et tu m'abreuvas de vinaigre ! Pour toi, j'ai frappé l'Egypte et sa puissance, j'ai fait de topi mon peuple, un peuple de rois, et tu m'as couronné la tête d'une couronne d'épines. Dans son coeur saint Dominique entend l'appel du Christ et il est « touché de componction en son coeur ».
Le mot « componction » (compungere) rappelle l'image de l'aiguillon ; il signifie piquer profondément avec une seule pointe etévoque l'idée de stimulation d'émotion violente. Dans les Actes des Apôtres, ceux qui écoutent Pierre éprouvent la componction du coeur ; alors que Pierre continue son discours en exhortant à la pénitence et au baptême, la foule est ébranlée : D'entendre cela, ils eurent le coeur transpercé (Actes 2, 27 a) La componction est une douleur due à la conscien aiguë de son péché accompagnée d'une invitation et d'un appel à la conversion : ils dirent à Pierre et aux apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? » (Actes 2, 27 b) Le coeur « piqué », touché, blessé d'avoir contristé l'Esprit Saint, est rempli d'une tristesse sans angoisse car elle ne désespère pas de Dieu, c'est une douloureuse joie.
Cette expérience nous est donné à voir dans le film « Mission ». Mendoza, esclavagiste du XVIIIe siècle en Arge,tine et au Paraguay, tue son propre frère qui avait séduit la femme dont il se croyait aimé. Chargé de remords, il arrête ses équipées auprès des indiens, et s'isole pour attendre la mort. Le Jésuite Gabriel vient à sa rencontre et le défie. Mendoza accepte et accompagne les jésuites dans une mission. Il met sur ses épaules un énorme paquet contenant armures, pistolets, boucliers. Une façon pour lui de se rendre à lui-même le mal qu'il a fait et qu'il ne se pardonne pas. Après des escalades qui n'en finissent pas, ils arrivent finalement au sommet d'une falaise où les indiens guaranis attendent les jésuites. Ils reconnaissent Mendoza, celui qui nles pourchassait. Celui-ci tombe à genoux, avec toujours accroché à ses épaules son énorme fardeau. Un indien lève sa machette, et le coup s'abat : il a rompu le fardeau qui tombe dans le précipice. Mendoza pleure, l'indien lui touche l'épaule de sa main.
Mendoza et Max Gallo se sont égarés et ils ont erré, en exil loin d'eux-mêmes et du Seigneur. Quand ils reconnaissent leurs faiblesses, ils expérimententy un amour qui cropit en eux et leur fait confiance ; le coeur brisé ils osent se jeter dans les bras de Dieu en pleurant. Dazns la deuxième manière saint Dominique nous invite à entrer dans ce sanctuaire intérieur en nous disant : « Reviens à ton Père et pleure de joie car il t'a pardonné ! ».
La prière de saint Dominique dans la troisième manière, nous entraine dans un autre registre que celui des deux premières. Le geste dont il est question induit un autre rapport avec le corps : il n'exprime pas à l'extérieur une attitude intérieure, il n'est pas la manifestation visible d'un état d'âme comme précédemment l'humilité et la compoction du coeur. A la différence des deux autres manières de prier, celle-ci s'inscrit dans un contexte liturgique précis, celyui des complies. Tout d'abord Dominique "se relève de terre", puis utilise un instrument pour corriger son corps. Or, on ne trouve jamais chez Dominique une propension à détruire le corps en lui infigeant des pénitences excessives. Comment découvrir le sens profond de cette troisième manière ?
Quand saint Dominique se flagelle, il voit le Christ au moment de sa passion, alors qu'il est arrêté comme le derniers des derniers. Les soldats le malmènent et finalement, se moquent de lui, le bafouent, lui crachent au visage, le couronnent d'épines. Par la suite, la flagellation du Christ durant sa passion, sera le modèle à imiter pour s'impser des pénitences. La tradition verra dans la souffrance du Christ le don total de lui-même. Dès-lors, les chrétiens voudront voudront imiter ce désir de Jésus de sauver les âmes au moyen de cette discipline. Saint Léon Le Grand écrit qu'elle prépare l'homme à participer au mystère du Christ, sa souffrance et sa mort.
Dans les évangiles, le Christ ne demande pas la souffrance ; il accepte la Croix au bout d'une longue agonie dans le jardin des oliviers en disant : "Père, non pas ma volonté mais la tienne" (Luc 22,42). En acceptant la volonté de son Père, Jésus ne se détourne pas, Il présente son dos ou ses épaules. Il est celui dont parle Isaïe : "Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoit." (Isaïe 53, 7). En revanche, le peuple d'Israël est souvent repris par le Seigneur quand il montre son dos et non sa face : "Toi-même m'a repoussé, oracle du Seigneur, tu m'as tourné le dos" (Jérémie 15,6) Dans la Bible, présenter son dos est un comportement d'opposition, de fermeture et de refus : "Ils ont tourné vers moi le dos, non la face et quand je les instruisait avec constance et sans me lasser, aucun ne m'écoutait pour accueillir la leçon". (Jérémie 32,33)
Lorsua Jésus raconte la parabolme de la brebis perdue, il la remine en disant :"Et, quand il l'a retrouvée, il la met, tout joyueux, sur ses épaules."(Luc 15,5), geste qui treaduit la sécurité et la joie, cimme le petit qui vien,t de naïtre, la brebis sur les épaules est exposée aux regards et à l'allègresse de tous. Rambrandt dans son tableau du retour de l'enfant prodigue, nous montre le Père mettant ses deux mains sur le dos de son fils agenouillé devant lui. Il les a posées sur ses épaules comme pour lui ôter le poids qu'il s'est lui-m^eme imposé. Avec ses deux mains, il caresse et rassure son enfant retrouvé. Il lui dit par ses mains plus encore que par la bouche : "Tu es mon fils bien aimé." Symboliquement les épaules pauvent être le lieu du joug et du poids, mais elles peuvent aussi se transformer pour réaliser, pour faire naître et émerger se qui était caché ou perdu. Présenter ses épaules ou son dos durant la prière prend alors une signification pleine de gratitude : il s'agit pour nous de se laisser rejoindre, toucher et porter sur les épaules du Christ et ainsi de comprendre les paroles de ce chant : Ton royaume n'est pas de ce monde, Seigneur Jésus, puisque tu portes ce monde sur tes épaules, comme un berger sa brebis perdue."
La quatrième manière
Dans "Surpris par la joie", C.S. Lewis décrit sa conversion comme ceci : "Ce que j'avais tant redouté a fini par m'arriver. Au cours de l'été 1929, je cédai et admis que Dieu était Dieu. Je me jetai à genoux et me mis à prier." S'agenouiller n'est ni naturel ni spontané. Ce geste entraine l'être dans des profondeurs qu'ilne soupçonne pas. Il manifeste la prise de conscience d'un au-delà et la perception d'un Mystère ; tout comme Moïse devant le buisson ardent ôte ses sandales, ainsi C.S. Lewis s'agenouyille. Se mettre à genoux c'est restreindre sa liberté de mouvement pour en quelque sorte, la "plier" dans un acte gratuit. Celui qui fléchit les genoux se rapetisse pour ainsi dire et se soumet librement à celui devant qui il s'agenouille.
Dans la quatrièpme manière de prier saint Dominique se met à genoux et se relève, il fait ceci plusieurs fois, dit le texte. Fléchissant les genous encore et encore cent fois et même parfois depuis la fin des comples jusqu'au milieu de la nuit, il se levait et s'agenouillait tour à tour. Saint Dominique flachit les genoux de son corps pour entrer dans la présence du Christ en lui : avec son coeur, il voit Jésus qui s'agenouille et se relève dans le Jardin des Oliviers au moment de son copmbat avant sa mort sur la Croix. Dans l'évangile de saint Luc on touve plusieurs fois l'expression se mettre à genoux. Elle est utilisée tout d'abord lorsque Jésus prie lors de son agonie au jardin des Oliviers, puis quand Etienne est martyrisé. L'expression grecque employée par l'évangéliste Luc est la lmêmle : theis ta gonata. Comme Jésus, Etienne puis saint Dominique implorent le pardon et se mettent à genoux. Il s'(agit d'une prière soutenue, d'une supplication et d'une prière d'intercession où le geste de l'agenouillement exprime la reùmise de soi dans les mains de Dieu.
Or, mettre en mouvement ses genoux demande un effort et une force. Dans la Bible, les genoux sont considérés très souvent comme le siège principal de la force du corps. Pour redonner courage au peuple qui faiblit, les prophètes appellent à reprendre courage et mentiopnnent les genoux : "Fortifiez les mains aaffaiblies, affermissez les genoux qui chancellent. (Isaïe 35,3) Pour décrire l'homme faible et vulnérable, on parle de ses genoux chancelants : "A cause de la nouvelle qui va venir, tous les coeurs vont défaillir, les mains vont faiblir, les esprits seront abattus, les genoux s'en iront en eau" (Ezéchiel 21, 12).. La vigueur du corps réside en quelque sorte dans les genoux.
C'est aussi sur les genoux que l'on pose un enfant : lorsqu'un père accueille sur ses genboux son fils ou sa fille au moment de la naissance, il confime et reconnaît ainsi sa descendance. dans le livre de la Genèse on trouve : "Ainsi Joseph et la famille de son père demleurèrent en Egypte, et Joseph vit les arrières-petits-enfants qu'il eut d'Ephraïm, de même les enfants de Makir, fils de Manassé, naquirent sur les genoux de Joseph"? (Genèse 50, 23). Lorsque le Seigneur lui-même veut nous porter sur ses genoux, Il met en évidence combien nous sommes ses enfan ts bien-aimés : "Vous serez almlaités, on vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenanty sur les genoux". (Isaïe 66,12). Dans la consonance hébraïque du mot genou, il y a Baruk qui veut dire béni. Genou et bénédiction sont en hébreu les mêmes paroles. Celui qui a bénéficié du geste affectueux d'être sur les genoux de quelqu'un a reçu une bénédition filiale.
Le besoin de s'agenouiller dans la prière obéit en quelque sorte au désir d'inscrire dans son corps le cri de son âme, et de remettre sa force à Dieu dans une totale confiance. Pour ouvrir la rencontre avec Dieu le corps sent de façon quasi spontanée qu'il doit manifester sa prière. Le geste accompagne le dialogue avec Dieu, mais ilne doit pas en rester là. Aux genoux du corps correspondent les genoux du coeur, en courbant les uns, les autres aussi suivent le même mouvement. S'agenouiller c'est manifester par un geste la volonté de se rapprocher Dieu dans son être.
Lève-toi et prie !
Debout pour prier avec le Christ ressuscité !
Qu'estce que la vie spirituelle ? Une vie de prière ? De jeûne ? De lecture spirituelle ? Un personnage de l'Evangile nous indique un chemin : Zachée. Ce personnage qui fut un peu voleur, filou, un "collabo" de l'époque en quelque sorte. Et poiurtant ! un jour, son désir le plus profond et le plus vrai lui fait jeter sa cuirasse de collecteuir d'impots : il se redresse, se met à marcher, à courir lmême et à monter dans un arbre devant les rires moqueurs de la foule (on imagine le tableau) ! Et Jésuis qui, non seulement voit au-delà des apparences mlais entends aussi le plus profond du coeur de l'homme, s'arrête, le regarde et s'invite chez lui. Rencontre étonnante : pas de discours, pas de remarques moralisatrices. Jésus le redresse et le relève. Zachée est touché au plus profond de lui-même. Il retrouve ce qui est resté droit au fond de lui, ce qu'il est réellement. Sans le savoir il a collaboré avec kl'Esprit Saint, laissé fructifier sa présence dans son quotidien et commencé une vie spirituelle. Il a retrouvé sa véritable vocation : être debout et vivant pour réaliser ce que dit saint Irénée :"la gloire de Dieu, c'est l'homme vivant", c'est à dire un homme qui fixe son regard intérieur vers Dieu pour recevoir de Lui sa vie.
Ce que nous transmet saint Dominique dans cette cinquième mùanière de prier est de cet ordre : être réveillé par la Parole du Christ pour être relevé. Voici ce que dit le texte : Parfois aussi le saint Père Dominique se tenait debout, drtessé devant l'autel, quand il était au couvent, de tout son corps, droit sur ses pieds, sans s'appuyer ni se tenir à quoi que se soit, avec parfois les mains ouvertes en avant de la poitrine, à la manière d'un livre ouvert. Saint Dominique avait coutume de se tenir debout pour méditer la Parole de Dieu, comme Jésus lui-même qui, dans la synagogue (Luc 4, 16) s'était levé pour lire. Le verbe employé pour exprimer cette position debout est celui de la résurrection : "surgere". Pour les premiers chrétiens, se tenir debout est un signe de résurrectiopn. En effet, disent les Pères de l'Eglise,ils doivent prier debout le dimanche car le Christ ressuscité s'est levé du tombeau le jour de Pâques, et qu'ainsi en se tenant debout pour prier, les chrétiens participent de tout leur être à la résurrection du Christ qui les a libérés de l'esclavage du péché et de la mort
Pour Clémentr d'Alexandrie, la prière de bout manifeste l'élan de l'âme vers lke Seigneur ; il explique que le corps suit le mouvement der l'âme :"la prière est un entretien avec Dieu : nous avons beau parler bas ou même nous adresser à Dieu en silence, un cri a jailli denotre âme et Dieu ne cesse jamais d'entendre ce langage intérieur. Voilà pourquoi nous deressons la tête, nous levons les mains vers le ciel et niouys nous tenons debout pendant l'oraison : notre corps accompagne ainsi l'élan de notre esprit." S'adresser à Dieu en étant debour, révèle de façon invisible la présence de l'Esprit qui relève, qui tourne vers le Père. L'attitude debout dans la prière est donc essentiellement une position qui renvoie au Christ ressuscité. Car on ne parle pas avec un mort. La prière vécue comme lieu de résurrection pose lmes fondements théologiques d'une coception de la vie spirituelle joyeuse et attirante. L'homme se dresse en priant, manifestye ainsi sa foi en la résurrection et viçt déjà un statut de "créature noiuvelle" puisqu'il s'adresse à Dieu comme "à un ami".
Nous pouvons être debout physiquement et être moralement courbés, écrasés, accablés mlême par le fardeau du passé ou des difficultés. Il peut arriver que, durant des années, des souvenirs douloureux nous engloutissent à tel point qu'il nous est presque impossible d'avancer dans un chemin de liberté et de vie. Tous, il nous est arrivé d'être saisis par des témoignages de handicapés physiques ayant surmontés leurs souffrances et qui n'avazient rien d'hommes à plat. Que l'on pense à Alexandre Jollien (handicapé moteur cérébral) qui écrit dans son livre : "Au centre, nous prenions très vite conscience qu'il n'y avait jamais d'acquis définitifs dans l'existence. Chaque jour, il nous fallait nous remettre à l'ouvrage, résoudre les difficultés, une par une, assumer notre condition, rester debout. Voilà notre travail, notre véritable vocation."
"Pour moi vivre c'est le Christ !" semble nous diore Dominique dans cette sixième manière de prier. Et pour vous ? Vivre ? Qu'est ce que c'est ? Qui est-ce ?
Cette image ne représente pas seulement une attitude ou un gerste, elle est le coeur de ce que vit sant Dominique. Elle est aussi un appel à descendre dans ce lieu, dans cette cellule de l'âme, dans ce noyau intérieur. Cette attitude représente notre moi en Christ, c'est à dire ce lieu où nous nous savons accepter dans nos limites et où nous nous acceptons nous-même totalement. Prier les bras ouverts en forme de croix, exprime ou mieux encore proclame le redressement de notre coeur quand nous laissons le Christ nous toucher. Ainsi Zachée et Saul de Tarse, qui s'étant laissés rejoindre par la parole et le regard de Jésus se sont in,térieurement redressés, ouverts et dépliés. D'une certaine façon, cette sixième manière nous permet de goûter ce qu'opère le choix de la liberté dans le coeur : ouverture, élan, largeur, accueil.
Quand saint Dominique étend les brazs et les mains le plus largement possible, son geste est une offrande absolue, une remise de soi, une ouverture extrême pour un autre ou pour les autres et le don de tout son être. Son geste de prière se présente ainsi : tout d'abord, "On a vu [...] le saint père Dominique [...] prierles mains et les brasd étendus en forme de croix le plus largement possible, se tenant debout autant qu'il le pouvait". Puis : "c'est de manière qu'à prié le Seigneur suspendu à la Croix, c'est à dire les bras et les mains étendus". Et enfin quand il ressuscite l'enfant : "En prière et debout, les bras et les mains étendus en forme de Croix." Le texte relate une guérison obtenue obtenue par saint Dominique lorsqu'il priait de cette façon. : "A l'un de ses séjours à Rome, un certain adolescent, parent du cardinal Etienne de Fassanova, s'amusait imprudemment à cheval et se laissait emporter dans une course folle, lorsqu'il fit une chute très grave. On le croyait à moitié mort [...] quand advint maître Dominique et avec lui frère Trancrède. Il dit à Dominique "Pourquoi n'interpelles-tu pas le Seigneuir ?" Profondément ému par lmes apostrophes du frère et vazincu par lme sentiment de compassion ardente, il fit discrètement transporter le jeune garçon dans un chambre qui fermait à clef et par la vertu de ses prières lui rendit la chaleur de la vie et le ramena devant tous sain et sauf". En priant de cette façon Dominique accomplit un miracle et redonne la vie à ce jeune homme. Pour expliquer ce fait il est comparé à Elie le prophère dont il est écrit qu'il s'est étendu sur l'enfant : "Il s'étendit sur l'enfant et il invoqua le Seigneur : "Seigneur, mon Dieu, je t'n prie, fais revenir en lui l'âme de cet enfant !" Le Eseigneur exauça l'appel d'Elie, l'âme de l'enfant revint en lui et il reprit vie." (1 Roi 17, 21-34). Le prophètre Elie en se couchant sur l'enfant dans une attitude de fécondité va transmettre à celui-ci le souffle de Dieu qui lui redonnera vie.
Saint Dominique imite Elie et ses bras grands ouverts sa prière jaillit comme pour nous dire : Laisse la vie du Christ ouvrir les bras de ton coeur et avance au large !